Personnellement, pour la photographie en milieu souterrain, je distingue deux types de lieux : les lieux souterrains clos : profondeur des carrières, et les lieux avec apport de lumière naturelle : entrée de carrière, habitation troglodytique.
Mur mis en valeur par un coup de flash. Celui-ci presque rasant, fait ressortir son relief, ainsi que celui du sol et celui du ciel. L'éclairage à la bougie vient éclairer le reste tout en apportant une touche de chaleur.
O En milieu souterrain complètement clos, il n'y a strictement aucune lumière dessous : il faut donc l'apporter. Le matériel doit être peu encombrant et adapté au milieu (peu fragile, car il faut parfois ramper, descendre sur corde pour accéder à un lieu, donc pas de possibilité d'amener des projecteurs, etc.). Personnellement, j'utilise un flash, une lampe à LED et des bougies. Ces moyens sont assez sommaires, mais ils permettent de nombreuses choses. Les bougies peuvent être placées partout, y compris dans les recoins les plus improbables. Leur nombre permet de moduler l'intensité lumineuse. Le flash à la main (open flash) permet d'éclairer ce que l'on veut en se déplaçant pendant la durée du temps de pause. La lampe permet de "caresser" les surfaces de manière plus subtile. D'autre part, les différences de température de couleur entre les différents moyens d'éclairage (led : froid, flash : neutre et bougies : chaudes) permettent de jouer sur les couleurs en plus de jouer sur la luminosité afin de souligner certains éléments par rapport à d'autres, de jouer sur les différents plans physiques (premier plan, arrière plan), et sur ce que j'appellerais les différents "plans lumineux" : lumière dominante (ex : flash) et lumière ayant pour but de déboucher les ombres (bougies). Cela permet aussi d'obtenir une atmosphère chaude, tout en gardant la couleur naturelle de la pierre.
Il faut gérer la position des sources lumineuses, la direction des coups de flash, mais aussi leur intensité, et encore l'intensité relative entre les différentes sources lumineuses. Ainsi, par exemple, le nombre de coup de flash pendant une durée de pause impartie donnera l'importance lumineuse du flash par rapport aux bougies. La gestion des sources lumineuses permet aussi de créer différentes atmosphères (des contre-jours avec beaucoup d'ombres, par exemple), de mettre en avant le relief, la matérialité de la roche, etc. selon l'effet voulu. En plus d'un travail de photographe, c'est donc en amont tout un travail d'éclairagiste.
Le temps de pause est assez long (généralement de 15 à 30 secondes, voire plus d'une minute) afin que le peu de luminosité des bougies soit "impressionnée" sur le capteur ainsi que pour avoir le temps de donner plusieurs coups de flash aux différents endroits voulus ou de balayer avec sa lampe.
Bien évidemment, une photo réussie ne se fait pas du premier coup et même avec de l'expérience, il est rare qu'on obtienne un résultat qui nous convient du premier coup : il faut souvent plusieurs essais, il n'est pas rare de déplacer ses éclairages, afin, par exemple d'éviter une zone "cramée" par la lumière, une autre trop sombre. C'est tout un savoir-faire très spécifique et bien souvent d'excellents photographes qui prennent des photographies de paysage, de studio, n'arrivent pas à obtenir quelque chose de probant tant la photographie dans ce type de lieux est spécifique.

O En milieu troglodytique, le problème est tout autre : il y a de la lumière naturelle, mais y a généralement un fort contraste : par exemple, avec un réglage donné, des zones sur-éclairées vont être "cramées" (toutes blanches, de manière uniforme) tandis que les zones d'ombre seront "bouchées" (toutes noires). Etant autodidacte, je ne réalise pas de HDR, mais j'ai développé une technique qui m'est propre et qui se rapproche de ce principe : j'ai recours à plusieurs prises de vues (autant qu'il est nécessaire pour que chaque zone soit convenablement éclairée), puis avec un logiciel, avec un savant jeu de calques, de sélection de zones, avec une méthode que j'ai développée et affinée au cours des années et que je garde secrète, je créée une image. L'avantage de le faire manuellement plutôt que de manière automatique, est qu'on garde la main sur chaque détail.

Par ailleurs, pour avoir une vue large, on peut réaliser un panoramique. Il s'agit de prendre plusieurs photographies pour les assembler. Cela est délicat vu les conditions de prise de vue. La lumière doit rester la même sur chaque photographie : par exemple, en carrière, il faut faire attention que les coups de flashs soient donnés exactement de la même manière.
En outre, toutes mes photographies sont prises en mode manuel (température de couleur, F, temps de pause) pour gérer parfaitement chaque chose. Contrairement à certains qui passent des heures à retoucher leurs photos, et convaincu qu'une photo finale est une bonne photo prise sur le terrain, je préfère passer plus de temps à prendre des photos sur le terrain, sans qu'il y ait de retouches sur ordinateur, ou seulement des réglages assez sommaires (luminosité, contraste,...), excepté l'assemblage de photos, bien sûr dans les cas mentionnées précédemment.
Plusieurs clichés ont été néscessaires pour cet endroit très contrasté.